Les tests unitaires automatisés avec JUnit¶
Un test automatisé est un programme qui se découpe en trois phases dites AAA pour Arrange, Act, Assert.
- Arrange
La mise en place de l’environnement : création et initialisation des objets nécessaires à l’exécution du test.
- Act
Le test proprement dit.
- Assert
La vérification des résultats obtenus par le test.
Le sous-système (l’ensemble des objets) éprouvé par le test est parfois appelé SUT (System Under Test).
On distingue différentes catégories de tests :
Tests unitaires : testent une partie (une unité) d’un système afin de s’assurer qu’il fonctionne correctement (build the system right)
Tests d’acceptation : testent le système afin de s’assurer qu’il est conforme aux besoins (build the right system)
Tests d’intégration : testent le système sur une plate-forme proche de la plate-forme cible
Tests de sécurité : testent que l’application ne contient pas de failles de sécurité connues (injection de code, attaque XSS, …)
Tests de robustesse : testent le comportement de l’application au limite des ressources disponibles (mémoire, CPU, …) sur la plate-forme
JUnit¶
JUnit est le framework de tests unitaires le plus utilisé en Java.
Structure d’une classe de test JUnit¶
Comme Java est un langage orienté Objet, les tests JUnit sont regroupés
dans des classes de test. Généralement, on groupe dans une classe les
tests ayant la même classe comme point d’entrée et on nomme la classe de
test à partir du nom de la classe testée préfixé ou suffixé par Test
en la plaçant dans le même package. Par exemple, pour tester la classe
DateFormatter
, on créera une classe TestDateFormatter
ou
DateFormatterTest
.
Suffixer ou post-fixer par Test
le nom de la classe de test est juste une
convention. Néanmoins, il est très fortement conseillé de la respecter
car les IDE et Maven utilisent également cette convention pour découvrir
les classes de test à exécuter.
Exécution des tests JUnit¶
JUnit est pris en charge par les IDE Java et par les outils de build comme Maven.
Dans Eclipse, il suffit de faire un clic droit dans l’explorateur de projet sur un fichier source, une classe de Test ou un package et de choisir « Run as… > JUnit Test ». On peut également presser la touche F11 dans l’éditeur de code source de la classe de test.
Les méthodes de test¶
Une classe de test est simplement une classe déclarant des méthodes publiques sans paramètre et sans valeur de retour et qui sont annotées par @Test.
Une méthode de test contient :
un ensemble d’instructions correspondant à la phase arrange (si nécessaire),
un ensemble d’instructions correspondant à la phase act (qui se limite généralement à l’appel de la méthode à tester),
un ensemble d’instructions correspondant à la phase assert.
L’exemple ci-dessous teste la méthode String.toUpperCase :
package dev.gayerie;
import static org.junit.Assert.*;
import org.junit.Test;
public class StringTest {
@Test
public void upperCaseProduitUneChaineEnMajuscules() throws Exception {
// Bloc arrange
String s = "Bonjour le monde";
// Bloc act
String maj = s.toUpperCase();
// Bloc assert
assertEquals("BONJOUR LE MONDE", maj);
}
}
Une méthode de test ne devrait pas contenir d’instruction if
ou switch
puisqu’un test traduit un cas d’utilisation simple sans choix possible. De même,
une méthode de test ne devrait contenir qu’exceptionnellement des boucles for
ou while
.
Les assertions¶
La classe Assert est une
classe outil contenant des méthodes statiques pour déclarer des
assertions. Ces méthodes permettent de vérifier la valeur d’un
paramètre ou de comparer deux valeurs passées en paramètres. Si l’assertion
est fausse, ces méthodes produisent une exception de type AssertionError
qui fait échouer le test.
Parmi les méthodes d’assertion, on trouve :
Méthode |
Utilisation |
---|---|
assertTrue(boolean condition) |
Vérifie que la condition passée en paramètre est vraie. |
assertFalse(boolean condition) |
Vérifie que la condition passée en paramètre est fausse. |
assertEquals(Object expected, Object actual) |
Compare les deux paramètres pour vérifier qu’ils sont égaux. |
assertNotEquals(Object expected, Object actual) |
Compare les deux paramètres pour vérifier qu’ils ne sont pas égaux. |
assertSame(Object expected, Object actual) |
Vérifie que les deux objets passés en paramètre sont en fait le même objet (en utilisant l’opérateur |
assertNotSame(Object expected, Object actual) |
Vérifie que les deux objets passés en paramètre ne sont pas les mêmes objets (en utilisant l’opérateur |
assertNull(Object actual) |
Vérifie que l’expression passée en paramètre s’évalue à |
assertNotNull(Object actual) |
Vérifie que l’expression passée en paramètre ne s’évalue pas à |
fail() |
Il ne s’agit pas vraiment d’une assertion puisqu’un appel à cette méthode fait échouer le test immédiatement. Nous verrons plus bas que cette méthode est utile pour tester les exceptions. |
Il existe une surcharge de méthode pour chacune des méthodes précédentes qui accepte une chaîne de caractères comme premier paramètre. Il s’agit du message d’erreur produit par le test si l’assertion échoue.
Note
Pour les méthodes d’assertion qui attendent deux valeurs pour les comparer, notez que la première valeur correspond à la valeur attendue pour ce test et la deuxième valeur correspond à la valeur produite au moment du test.
package dev.gayerie;
import static org.junit.Assert.*;
import org.junit.Test;
public class StringTest {
@Test
public void testString() throws Exception {
String s = "Bonjour le monde";
assertEquals("Bonjour le monde", s);
assertNotEquals("Bonsoir le monde", s);
assertFalse(s.isBlank());
}
}
Exercice - Tests unitaires de java.util.Math#abs(int)
Écrire les tests unitaires pour la méthode java.util.Math#abs(int).
Modèle de projet Maven
Vous pouvez télécharger le modèle de projet Maven :
Note
L’exercice précédent propose de tester une méthode sans effet de bord (ce que l’on appelle également une fonction pure). Les tests sur ce type de méthodes sont faciles à écrire. Ils restent cependant l’exception lorsqu’on utilise la programmation orientée objet. En effet, l’appel d’une méthode sur un objet modifie le plus souvent son état et provoque généralement des effets de bord en sollicitant d’autres objets avec lesquels l’objet entretient des dépendances.
Les fixtures¶
Pour réaliser un test, il est parfois nécessaire un grand nombre d’objets et de préparer le SUT (System Under Test). Plutôt que d’écrire le code nécessaire au début d’un test (au risque de le rendre moins lisible), on préfère écrire ce code dans une classe à part ou une méthode à part. Dans ce cas, on qualifie ce nouvel objet ou cette nouvelle méthode de fixtures.
Avec JUnit, il est possible d’exécuter des méthodes avant et après chaque test pour allouer et désallouer des ressources nécessaires à l’exécution des tests. On déclare pour cela des méthodes publiques sans paramètre annotées avec @Before ou @After.
import org.junit.After;
import org.junit.Before;
import org.junit.Test;
import static org.junit.Assert.*;
public class UneClasseTest {
@Before
public void initTestEnvironment() {
// cette méthode est exécutée avant chaque test
}
@After
public void destroyTestEnvironment() {
// cette méthode est exécutée après chaque test
}
@Test
public void methodeDeTest() throws Exception {
// la méthode de test
}
}
Note
Il est également possible de déclarer des méthodes static annotées avec @BeforeClass ou @AfterClass. Ces méthodes ne sont appelées qu’une seule fois respectivement avant ou après l’ensemble des méthodes de test de la classe.
Tester les exceptions¶
Grâce aux tests unitaires, il est également plus facile de tester les cas non nominaux qui se traduisent la plupart du temps par la production d’une exception en Java. Si on désire tester un cas d’erreur par exemple, cela signifie que le test sera ok si une exception précise est produite lors de la phase act.
Avec JUnit, il existe plusieurs façons d’écrire un test pour une telle situation. Pour les exemples suivants, nous testerons la méthode Integer#parseInt qui produit une exception de type NumberFormatException lorsqu’une chaîne de caractères qui ne correspond pas à un nombre est passée en paramètre d’appel.
package dev.gayerie;
import static org.junit.Assert.fail;
import org.junit.Test;
public class IntegerTest {
@Test
public void parseIntThrowsExceptionWhenNotANumber() throws Exception {
try {
Integer.parseInt("not a number");
fail("NumberFormatException expected");
} catch (NumberFormatException e) {
}
}
}
Dans l’exemple ci-dessus, on utilise une structure try ... catch
pour attraper
l’exception qui est attendue. Dans le bloc try
, l’appel à la méthode Assert.fail
pour faire échouer le test si jamais la phase act (c’est-à-dire l’appel à
Integer#parseInt) n’a pas produit d’exception. Cette façon d’écrire le test
est simple mais rend le test parfois difficile à lire à cause de la présence des
blocs try ... catch
et de l’absence d’une phase assert remplacée par l’appel
à Assert.fail
.
package dev.gayerie;
import org.junit.Test;
public class IntegerTest {
@Test(expected = NumberFormatException.class)
public void parseIntThrowsExceptionWhenNotANumber() throws Exception {
Integer.parseInt("not a number");
}
}
Dans l’exemple ci-dessus, on utilise l’attribut expected
de l’annotation
@Test qui permet d’indiquer que l’on s’attend à ce que le test échoue à cause
de la propagation d’une exception (si ce n’est pas le cas, le test sera considéré
en échec). Cette façon d’écrire le test est plus simple que précédemment mais
elle peut être difficile à comprendre car la phase assert n’est pas explicite
dans la méthode.
package dev.gayerie;
import org.junit.Rule;
import org.junit.Test;
import org.junit.rules.ExpectedException;
public class IntegerTest {
@Rule
public ExpectedException expectedException = ExpectedException.none();
@Test
public void parseIntThrowsExceptionWhenNotANumber() throws Exception {
expectedException.expect(NumberFormatException.class);
Integer.parseInt("not a number");
}
}
Dans l’exemple ci-dessus, on utilise une rule JUnit pour signaler avant la phase act que l’on attend une exception. Comme précédemment, cette façon d’écrire peut être difficile à comprendre car la phase assert est remplacée par un attendu lors de la phase arrange.
Note
Cette approche est dépréciée à partir de JUnit 4.13.
package dev.gayerie;
import static org.junit.Assert.assertThrows;
import org.junit.Test;
public class IntegerTest {
@Test
public void parseIntThrowsExceptionWhenNotANumber() throws Exception {
assertThrows(NumberFormatException.class, () -> {
Integer.parseInt("not a number");
});
}
}
Avec l’introduction des lambdas depuis Java 8, il est plus direct d’encapsuler
un appel d’un code produisant une exception dans une fonction anonyme. On utilise
pour cela Assert.assertThrows
en précisant le type de l’exception attendue.
Si cette approche est élégante, elle mélange tout de même les codes de la phase
act et de la phase assert.
Utilisation de doublure¶
Parfois, il est utile de contrôler l’environnement de test d’un objet ou d’une collaboration d’objets. Pour cela, on peut faire appel à des doublures qui vont se substituer lors des tests aux objets réellement utilisés lors de l’exécution de l’application dans un environnement de production.
- Simulateur
Un simulateur fournit une implémentation alternative d’un sous-système. Un simulateur remplace un sous-système qui n’est pas disponible pour l’environnement de test. Par exemple, on peut remplacer un système de base de données par une implémentation simplifiée en mémoire.
- Fake object
Un fake object permet de remplacer un sous-système dont il est difficile de garantir le comportement. Le comportement du fake object est défini par le test et est donc déterministe. Par exemple, si un objet dépend des informations retournées par un service Web, il est souhaitable de remplacer pour les tests l’implémentation du client par une implémentation qui retournera une réponse déterminée par le test lui-même.
- Mock object
Un objet mock est proche d’un fake object sauf qu’un objet mock est également capable de faire des assertions sur les méthodes qui sont appelées et les paramètres qui sont transmis à ces méthodes.
Implémentation d’objet mock avec Mockito¶
Mockito est un framework Java pour faciliter la création d’objets mocks à partir d’une classe ou d’une interface.
La méthode statique Mockito.mock(Class<?>)
permet de créer une
instance d’un mock à partir d’une classe ou d’une interface. L’instance
d’objet retournée par cette méthode est instrumentalisée par Mockito. Il
est possible d’enregistrer sur ce mock des comportements lors de la
phase arrange grâce, notamment, à la méthode Mockito.when(Object)
.
Lors de la phase assert, il est possible de vérifier que les appels de
méthodes programmés sur le mock ont bien été réalisés grâce à la méthode
Mockito.verify(Object)
.
import static org.junit.Assert.*;
import javax.servlet.http.HttpServletRequest;
import org.junit.Test;
import org.mockito.Mockito;
public class TestWithMockito {
@Test
public void testDemoMockito() throws Exception {
HttpServletRequest mockedRequest = Mockito.mock(HttpServletRequest.class);
Mockito.when(mockedRequest.getParameter("login")).thenReturn("monlogin");
String parameterValue = mockedRequest.getParameter("login");
assertEquals("monlogin", parameterValue);
Mockito.verify(mockedRequest).getParameter("login");
}
}
import static org.junit.Assert.*;
import static org.mockito.Mockito.*;
import javax.servlet.http.HttpServletRequest;
import org.junit.Test;
public class TestWithMockito {
@Test
public void testDemoMockito() throws Exception {
HttpServletRequest mockedRequest = mock(HttpServletRequest.class);
when(mockedRequest.getParameter("login")).thenReturn("monlogin");
String parameterValue = mockedRequest.getParameter("login");
assertEquals("monlogin", parameterValue);
verify(mockedRequest).getParameter("login");
}
}
Les exemples de code ci-dessus ne sont bien évidemment pas de vrais tests JUnit puisqu’ils se contentent de tester le bon fonctionnement de Mockito.